Mystic Vale - Test et Avis : Le dessus des cartes

Il y’a quelques semaines, nous vous parlions de notre amour pour Dominion, jeu de deckbuilding paru il y’a plus de 10 ans maintenant. Dominion a fait basculer nombre d’entre nous dans ce merveilleux monde ludique. À l’époque, le jeu de société moderne se résumait alors (pour moi) à Munchkin. Jeu sympatoche, mais auquel il manquait ce quelque chose qui me ferait basculer. Dominion me prouva alors qu’un jeu de cartes pouvait être tellement plus que je l’imaginais. J’avais entre les mains un jeu de cartes efficace, accessible, stratégique et profond. J’avais trouvé mon jeu alpha.

Je me rappelle parfaitement cette sensation de découvrir quelque chose que je n’avais jamais vu encore. C’était terriblement rafraîchissant et chaque nouvelle partie laissait entendre qu’il y avait encore des choses à découvrir (les extensions ayant énormément aidés à celà).

Durant la dernière décennie et les centaines de jeux auxquels j’ai pu jouer, j’ai eu de nombreux et d'indétrônables coups de coeur mais aucun n’a réussi à me générer à nouveau ce sentiment de découverte et de fraîcheur. Et ce jusqu’à l’arrivée de Mystic Vale.

Notre chouchou de l’été

Ici, nous sommes face à certaines de nos mécaniques de prédilection, des cartes, du moteur de production, de la gestion deck. Mais dans ces catégories, l’année 2020 nous a déjà délivré “It’s a Wonderful Wolrd” et “Res Arcana”, il en faudrait donc plus pour les détrôner dans nos coeurs. Bien évidemment Mystic Vale nous réservait sa botte secrète …

Sa thématique peut-être ?

Alors non… Pour le coup Mystic Vale ne n’emporte (personnellement) pas du tout par sa thématique ou ces illustrations qui auraient pu même me rebuter. Des elfes, des druides, de la mana … On en mange à toutes les sauces, jusqu’à l’overdose. Je ne cesserai d’ailleurs de féliciter auteurs et éditeurs prenant le pari de s’aventurer loin de cet univers héroïc fantasy (poke Wingspan, Parks, Watergate).

Ainsi, j’étais passé à côté de Mystic Vale lors ma première rencontre avec lui à Cannes cette année en me disant : Oh non encore des elfes… pas le temps pour ça … Quelle erreur de ma part.

Son truc en plus ?

Mais pourquoi un tel engouement ? Le Card Crafting System (CCS) ! Cette nouvelle mécanique mise en avant par AEG (éditeur original du jeu - il est localisé en France par les éditions Sylex) est la base centrale de Mystic Vale et qu’on se le dise c’est une idée merveilleuse. Il est probable que certains d’entre vous aient déjà entendu parler de CCS et de Mystic Vale (le jeu étant sorti dans sa version outre-atlantique en 2017). Pour les autres ce sera certainement une découverte.

Dans Mystic Vale, Au début de votre partie, vous disposez de 20 cartes constituant votre deck. Chacune de vos cartes comprends 3 emplacements (pré-remplis ou non) sur lesquels vous pouvez positionner des évolutions après les avoir achetées. Cela est porté par un matériel spécifique : vos cartes des bases sont dans des “sleeves” (des petites pochettes plastiques) et les évolutions sont présentées sur des cartes transparentes se superposant et se glissant dans ces sleeves.

Ces cartes une fois jouées et améliorées se retrouvent dans votre défausse et intégreront donc votre main lors du prochain tour de votre deck. Le CCS est donc une mécanique venant en surcouche de la mécanique de deckbuilding.

Pour le reste l’approche du jeu est plutôt classique, il s’agit d’une course aux points de victoire. Le classement final se faisant en fonction de la valeur des points acquis durant la partie et ceux présent dans votre deck. Toutes les interactions et les subtilités du jeu se concentrent donc sur votre manière d’appréhender le marché des évolutions présent au centre de la table.

Votre objectif sera donc d’optimiser votre deck, en optimisant chacune de vos cartes afin d’en tirer le meilleur parti lorsqu’elles se présenteront dans votre main. Ces cartes présentent plusieurs symboles et ces symboles se multiplieront avec les différentes évolutions que vous pourrez acquérir. Les 3 types de symbole principaux que vous pourrez retrouver sont les suivants :

• les symboles de mana : il s’agit de la monnaie du jeu. Plus vous en aurez dans votre main, plus vous pourrez acheter des cartes Évolutions intéressantes au marché.
• les symboles d’esprit : Il vous permettront d’acheter des cartes “Val” vous rapportant des points de victoire en fin de partie.
• Les symboles de déclin : il représente le danger que vous prenez et définissent ainsi le nombre de cartes que vous avez le droit d’avoir en main. Si il y a plus de 3 symboles déclin dans votre main vous ne pouvez plus ajouter de carte en provenance de votre deck à celle-ci.

En somme

Le Card Crafting System tient le jeu et mérite à lui seul qu’on lui porte de l'intérêt et que l’on s’adonne à Mystic Vale. Cela rappellera peut être à certains la mécanique de Dice Building mise en avant dans Dice Forge, où vous pouviez forger les différentes faces de vos dés, vous permettant ainsi de maximiser vos chances à chaque lancer. Mais si comme moi vous n’avez pas de chance aux dés (ou que vous êtes mauvais joueur, c’est une question de point de vue), vous lui préférez nettement le CCS vous offrant beaucoup plus de maîtrise dans l’application de vos stratégies.

Cela ne plaira pas à tout le monde, le jeu présente peu d'interaction entre les joueurs, chacun menant sa barque de son côté. Les interactions sont concentrées sur le marché, où il sera (après quelques parties) très opportun de bien faire attention aux cartes laissées disponibles à tel ou tel joueur.